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Se comprendre, pour évoluer ensemble
 

"Ce maudit monde est habitable aussi longtemps que tu m’aimes."

Jón Kalman Stefánsson

 


Il existe autant de façon d’aborder l’éducation canine qu’il y a d’éducateurs canins. Et il n’y a pas une bonne façon de faire bien les choses, chacun a la sienne. Ma vision de l’éducation canine doit passer avant tout par l’absence de violence, ce qui écarte d’emblée les méthodes coercitives, soutenues à grand renfort de hurlements, colliers étrangleurs ou électriques, violence verbale voire physique et j'en passe. Pour les avoir vues pratiquer, les utiliser est pour moi contre nature et inhumain. Ces méthodes peuvent certes donner des résultats, parfois assez rapidement, mais à quel prix - essentiellement pour le chien mais aussi pour le maître - ? Dans ce type d’approche éducative où tout se fait par la force et la violence, l’éducateur, qu'il soit le professionnel ou directement le propriétaire, est dans une logique de rapport dominant contre soumis (la notion d'opposition étant déjà assez éclairante sur le type de rapport recherché). J'ai toujours trouvé très étrange ce besoin, quasi obsessionnel pour certains, d'asseoir ainsi leur autorité sur leur chien, comme si, en imposant ce statut de dominant qu’ils considèrent comme évident avec leur animal, certaines frustrations sociales pouvaient, à tort, être compensées et évacuées.

Bien sûr, il n’y a pas de recette magique, et, quelque soit le type d’éducation, il faut garder en tête que le chien n'est pas le seul concerné, que faire la démarche d'aller à la rencontre d'un éducateur canin est une aventure qui se vit à deux. Vous devez donc avoir envie de vous investir, de comprendre votre compagnon à quatre pattes pour communiquer avec lui en vue d’établir une relation valorisante basée sur la compréhension, la confiance, l'amour et le respect de l’autre, gages de belles et longues années de joie et d'épanouissement ensemble.
Mes amis Lakota et Dakota qui, tout comme les autres peuples amérindiens, entretiennent depuis toujours une relation étroite avec les animaux et la nature, le savent bien : la compréhension mène au respect et du respect naît la confiance. Mais avant d'en arriver là, faut-il encore se comprendre. L’observation est un premier pas dans cette direction. Nos chiens nous observent en permanence à notre insu, si bien qu'ils finissent par nous connaitre mieux que nous ne nous connaissons nous-même. Alors, au lieu d'user de la force, de la violence pour obtenir satisfaction et asseoir un malheureux et injuste statut de dominant, faisons plutôt comme eux, observons-les en retour afin d'apprendre à mieux les connaître, pour nous engager ensuite dans un dialogue commun qui, une fois établi, nous permettra d'évoluer ensemble comme partenaires et amis et non maître et esclaves.

On me demande parfois : "si je fais éduquer mon chien, sera-t-il toujours obéissant, en toutes circonstances ?" A cela, si mon but était juste mercantile, je pourrais répondre "mais oui, bien-sûr !" Bien entendu, la réponse est non. Non, parce qu'un chien n'est pas un robot que l'on paramètre et qui, jusqu'à ce que l'on décide de changer de programme, exécutera celui enregistré tous les jours, à la même heure, de la même façon. Le chien est un être vivant, conscient, et comme tout être vivant, il a des jours avec et des jours sans. Des jours où tout ira comme sur des roulettes et des jours où cela sera plus compliqué. C'est comme ça. Il faut le garder en tête. Il serait utopique et cruel de penser que l'on peut éduquer un chien de façon à ce que ce dernier n'ait plus aucun autre comportement que celui qu'on lui autorise d'exprimer. Si telles sont les attentes d'adoptant en devenir, il serait plus raisonnable pour leur bien-être mais aussi et surtout celui de l'animal, d'opter pour un chien en peluche. Cette idée du chien esclave, objet, encore trop répandue, est peut-être vue comme une évidente exigence pour quelques propriétaires, qui voient dans leur animal, non seulement un être qui doit être complètement asservi, dévoué, d'humeur toujours égale, devant tout accepter sans jamais broncher, mais qui, surtout, ne doit jamais faire preuve de libre arbitre. L'expression "être le maître de son chien" illustre assez bien l'image que certains ont de l'animal et de ce qui est attendu de lui, même si, très heureusement, ces dernières années, cela tend à disparaître doucement, mais reste encore trop ancré dans les esprits. Ensemble donc, œuvrons pour une relation heureuse, respectueuse et épanouissante. Anáǧoptaŋ, abdéza uŋ, úŋkhaŋ sdodyáye kte ! - Écoute, observe et tu sauras ! - .

 



 
Le Temps des Chiens ©Laurent Llopis.jpg
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